L'impact psychologique du viol et de l'agression sexuelle et les démarches
judiciaires à accomplir.
Pour les viols commis sur mineurs et l'inceste, consultez le site viol sur mineur.
L'impact psychologique
Dans l'inconscient collectif, le viol c'est un parking sombre, un
inconnu violent et menaçant ou un dangereux psychopathe et non pas un proche, dans le confort
d'un foyer chaleureux. Pourtant, 80 % des viols sont commis par un
membre de la famille ou un membre de l'entourage. La violence n'est pas nécessaire pour que les faits soient qualifiés de
viol ou d'agression sexuelle, elle est même rarement utilisée. La
plupart du temps, le violeur agit par surprise, chantage, menace verbale,
emprise, manipulation ou contrainte. Ce décalage entre mythe et réalité fait que la victime n'a pas toujours conscience qu'il s'agisse d'un viol.
Absence de réaction de la victime : l'état de sidération
Pourquoi cette absence
de réaction ? En cas de choc psychologique violent (viol,
accident, agression, guerre, etc...), la victime est tellement
choquée, son cœur bat si vite, que le cerveau, incapable de gérer
tant de stress « débranche » en créant un cours circuit
cérébral. C'est l'état de sidération. Survient alors un sentiment
d'irréalité où la victime a la sensation d'être spectatrice de
son propre viol (en psychologie
cet état s'appelle la
dissociation). La
sidération est un blocage total qui protège de la
souffrance en la distanciant et en la bloquant. Voilà
pourquoi il est impossible de réagir. Mais cette absence de réaction
ne doit en aucun cas être assimilée à un consentement. Cette
absence de réaction entraine par la suite incompréhension,
sentiment de honte et de culpabilité chez la victime qui n'ose ni en
parler, ni porter plainte
(seulement 10% des victimes parviennent à porter plainte).
Les conséquences psychologiques : le stress post-traumatique
Dés lors que le stress devient insupportable au point de faire «
disjoncter » le cerveau, il y a état de sidération. Si cet état
est bien utile sur le moment car il vous sauve la vie en évitant la
crise cardiaque, le problème c'est qu'en «disjonctant», le
cerveau ne traite pas l'information qui reste ainsi piégée en
l'état dans le subconscient. Cela aura pour conséquence de
faire revivre à la victime encore et encore le calvaire de son viol,
soit sous forme de flash-back, soit en revivant uniquement le
sentiment d’extrême angoisse éprouvé à ce moment là, suivit de
l'état de dissociation, sans pour autant rattacher cette sensation
au viol. C'est le stress post-traumatique qui a des
répercussions psychologiques très graves et entraîne un ou
plusieurs des symptômes suivants : repli sur soi pouvant aller
jusqu'au mutisme, sentiment d’extrême angoisse, spasmophilie,
dépression, sentiment d'irréalité (dissociation), troubles du
comportement, comportement violent et agressif envers les autres ou
envers soi même pouvant aller jusqu'à l'auto-mutilation ou la
tentative de suicide, comportement dangereux, alcoolisme ou
toxicomanie, anorexie ou boulimie, maladies somatiques comme des
douleurs ou maladies de peau, etc... Voilà pourquoi la
victime va si mal à la suite d'un viol sans forcément comprendre
pourquoi elle va si mal, ni relier cela à son agression, surtout si
elle n'a pas conscience que c'est un viol ou n'en n'a pas le
souvenir. Cet état va perdurer jusqu'à que l'information soit enfin
traitée par le cerveau, c'est-à-dire sortir du subconscient pour
devenir conscient. Cela peut durer de nombreuses années, c'est
pourquoi il est essentiel de suivre une psychothérapie ou de
consulter une association d'aide aux victimes pour exorciser
l'agression et son cortège de symptômes. Mais
le choix du thérapeute est important et délicat, il faut quelqu'un
avec qui on sente bien, avec qui on a un bon feeling. De plus, une écoute silencieuse de type psychanalytique n'est pas
appropriée, il faut une écoute active, quelqu'un qui met des mots sur ce
vécu.
Les conséquences sur le plan sexuel :
Il est parfaitement possible d'avoir une vie sexuelle
épanouie après un viol car il n'y a aucune comparaison
possible entre une étreinte amoureuse, qui est un acte
d'amour, d'échange sensuel plein de respect et de
tendresse, avec un viol qui est tout le contraire, c'est-à-dire un
acte de violence ou d'abus de pouvoir visant à renier totalement la personnalité
de l'autre pour l’assujettir à ses propres désirs. Cela serait comme vouloir comparer le fait d'offrir un
cadeau, avec un vol ou un cambriolage.
Cependant, il est possible de passer par une période
difficile, parfois juste après le viol, parfois des années
plus tard, ce qui rend le lien moins évident. Il est possible
d'avoir des flash-back en plein milieu de l'acte, ce
qui empêche de poursuivre, mais d'autre fois, c'est le corps qui
parle et là le lien est très difficile à faire, surtout si cela
survient des années après. Ainsi, il est possible que le vagin se
contracte au point de se verrouiller totalement ou partiellement
malgré le désir, ce qui rend un acte sexuel absolument impossible.
C'est le vaginisme, qui est extrêmement douloureux
et dont l'origine est dans ce cas, lié au traumatisme du viol. Plus
rarement, certaines personnes ont des troubles du comportement sexuel
(homosexualité ou hyper-sexualité pouvant aller jusqu'à la
prostitution) car leur corps a été renié, humilié, en "libre
service" et ces victimes n'arrivent plus à se le réapproprier. Si les choses ne rentrent pas rapidement dans l'ordre, il
faut consulter un psychologue.
* * *
Démarches judiciaires
Définition juridique du viol et de l'agression sexuelle
et peines encourues
et peines encourues
- Le viol : Article 222-23 du code pénal : « Tout acte de pénétration
sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne
d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le
viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle. »
-Agression sexuelle: Art 222-22 code pénal « Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise» ; Art 222-27 du code pénal « les agressions sexuelles autre que le viol sont punies de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000€ d'amende. »
Quelle est donc concrètement la différence entre le viol et l'agression sexuelle ?
Pour que le viol soit caractérisé, il faut un acte de pénétration sexuelle. S'il n'y a pas eu de pénétration, il y a agression sexuelle. Cette pénétration peut avoir lieu de quelque nature que ce soit, c'est à dire dans le sexe ou dans la bouche, par le sexe, le doigt ou un objet. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait eu violence pour constituer un viol ou une agression sexuelle. Il peut simplement y avoir contrainte, menace (même verbale), chantage ou surprise.
Le viol est un crime, jugé par la Cour d'Assises. L'agression sexuelle est un délit, jugée par le Tribunal Correctionnel.
Ce qu'il faut faire
dans l'immédiat
Que
l'on décide ou non de porter plainte, il faut penser à sauvegarder les preuves. Comment ?
La
première chose à faire est de conserver dans un sac les vêtements
souillés (petite culotte, et vêtements s'il y a du sang dessus) et
ne pas se laver. Il faut aller chez un médecin agréé par la
justice (téléphoner au Tribunal, service du parquet pour obtenir
les coordonnées). Non
seulement il récoltera les preuves pour le Tribunal, mais il pourra
aussi le cas échéant faire un test de grossesse et de maladie
sexuellement transmissible et apporter les soins nécessaires.
La deuxième chose à faire est de noter sur une feuille
tout ce qu'il s'est passé dans les moindres détails : jour, heure,
lieu du viol, détail de la scène, les vêtements, tatouages du
violeur si il s'agit d'un inconnu, coordonnées ou description des
témoins etc... Pourquoi ? Car l'état de sidération aura pour
conséquence de brouiller les faits, de les rendre confus et ensuite
le témoignage en cas de plainte tardive serait bancal, incomplet,
incohérent, et le doute profiterait à l'agresseur qui serait alors
acquitté. Et même si une plainte n'est pas déposée, garder
clairement en mémoire les faits peut aider paradoxalement à se reconstruire.
Comment porter plainte
Il faut aller au commissariat de police ou à la gendarmerie. Autre
solution plus simple : envoyer un courrier au Procureur de la république du Tribunal du
lieu de votre résidence. Dans la lettre il faudra noter tous
les détails mentionnés plus haut. Le Procureur ordonnera une enquête de police, vous
serez interrogé longuement (d'où l'importance d'avoir noté les détails auparavant), puis
confronté avec l'agresseur. Il peut arriver parfois qu'un gendarme
ou un policier tente de vous dissuader de porter plainte et propose
de faire une main courante à la place. Sachez qu'une main courante
ne sert pas à grand chose et n'aura aucune suite judiciaire (c'est
juste pour garder une trace) et que personne (pas même un gendarme
ou un policier) n'a le droit de vous empêcher de porter plainte. Le
plus simple dans ce cas est d’écrire au Procureur.
Délai de
prescription
Qu'est-ce
que le délai de prescription ? c'est le délai légal pendant lequel
il est possible d'engager des poursuites pénales, c'est à dire
porter plainte. Une fois
le délai passé, l'action s'éteint.
pour viol : 20 ans après la majorité (38 ans).
pour agression sexuelle : 10 ans après la majorité (28 ans).
→ Si la victime est majeure au moment des faits OU si elle était mineure, mais que les faits n'ont pas été commis par une personne ayant autorité sur elle ou par un ascendant légitime, naturel ou adoptif (frère, cousin, copain, collègue, petit ami, mari...je rappelle que le viol entre époux ou entre conjoint est un crime), le délai est de :
pour viol : 10 ans après les faits
pour agression sexuelle : 3 ans après les faits.
Si les viols ont été répétés dans le temps, c'est le dernier viol qui fait courir le délai de prescription.
* * *
Conclusion :
Si
le viol est un crime jugé aussi sévèrement, c'est qu'on sait à
quel point il est traumatisant et destructeur pour la victime. Même s'il s'avère très difficile de
porter plainte, il est essentiel de le faire, car ce faisant, on se
pare du manteau de victime, or être reconnu dans son statut de
victime aide beaucoup à se reconstruire, sans parler
du fait que cette plainte protège peut-être d'éventuelles autres
victimes.
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à nous contacter : violsurmineure@gmail.com