lundi 9 février 2015

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L'impact psychologique du viol et de l'agression sexuelle et les démarches judiciaires à accomplir.

Pour les viols commis sur mineurs et l'inceste, consultez le site viol sur mineur.

L'impact psychologique

 Y a t-il eu viol si l'agresseur n'a pas été violent ?

Dans l'inconscient collectif, le viol c'est un parking sombre, un inconnu violent et menaçant ou un dangereux psychopathe et non pas un proche, dans le confort d'un foyer chaleureux. Pourtant, 80 % des viols sont commis par un membre de la famille  ou un membre de l'entourage. La violence n'est pas nécessaire pour que les faits soient qualifiés de viol ou d'agression sexuelle, elle est même rarement utilisée. La plupart du temps, le violeur agit par surprise, chantage, menace verbale, emprise, manipulation ou contrainte. Ce décalage entre mythe et réalité fait que la victime n'a pas toujours conscience qu'il s'agisse d'un viol.

Absence de réaction de la victime : l'état de sidération

Pourquoi cette absence de réaction ? En cas de choc psychologique violent (viol, accident, agression, guerre, etc...), la victime est tellement choquée, son cœur bat si vite, que le cerveau, incapable de gérer tant de stress « débranche » en créant un cours circuit cérébral. C'est l'état de sidération. Survient alors un sentiment d'irréalité où la victime a la sensation d'être spectatrice de son propre viol (en psychologie cet état s'appelle la dissociation). La sidération est un blocage total qui protège de la souffrance en la distanciant et en la bloquant. Voilà pourquoi il est impossible de réagir. Mais cette absence de réaction ne doit en aucun cas être assimilée à un consentement. Cette absence de réaction entraine par la suite incompréhension, sentiment de honte et de culpabilité chez la victime qui n'ose ni en parler, ni porter plainte (seulement 10% des victimes parviennent à porter plainte).

Les conséquences psychologiques : le stress post-traumatique

Dés lors que le stress devient insupportable au point de faire « disjoncter » le cerveau, il y a état de sidération. Si cet état est bien utile sur le moment car il vous sauve la vie en évitant la crise cardiaque, le problème c'est qu'en «disjonctant», le cerveau ne traite pas l'information qui reste ainsi piégée en l'état dans le subconscient. Cela aura pour conséquence de faire revivre à la victime encore et encore le calvaire de son viol, soit sous forme de flash-back, soit en revivant uniquement le sentiment d’extrême angoisse éprouvé à ce moment là, suivit de l'état de dissociation, sans pour autant rattacher cette sensation au viol. C'est le stress post-traumatique qui a des répercussions psychologiques très graves et entraîne un ou plusieurs des symptômes suivants : repli sur soi pouvant aller jusqu'au mutisme, sentiment d’extrême angoisse, spasmophilie, dépression, sentiment d'irréalité (dissociation), troubles du comportement, comportement violent et agressif envers les autres ou envers soi même pouvant aller jusqu'à l'auto-mutilation ou la tentative de suicide, comportement dangereux, alcoolisme ou toxicomanie, anorexie ou boulimie, maladies somatiques comme des douleurs ou maladies de peau, etc... Voilà pourquoi la victime va si mal à la suite d'un viol sans forcément comprendre pourquoi elle va si mal, ni relier cela à son agression, surtout si elle n'a pas conscience que c'est un viol ou n'en n'a pas le souvenir. Cet état va perdurer jusqu'à que l'information soit enfin traitée par le cerveau, c'est-à-dire sortir du subconscient pour devenir conscient. Cela peut durer de nombreuses années, c'est pourquoi il est essentiel de suivre une psychothérapie ou de consulter une association d'aide aux victimes pour exorciser l'agression et son cortège de symptômes. Mais le choix du thérapeute est important et délicat, il faut quelqu'un avec qui on sente bien, avec qui on a un bon feeling. De plus, une écoute silencieuse de type psychanalytique n'est pas appropriée, il faut une écoute active, quelqu'un qui met des mots sur ce vécu.

Les conséquences sur le plan sexuel : 

Il est parfaitement possible d'avoir une vie sexuelle épanouie après un viol car il n'y a aucune comparaison possible entre une étreinte amoureuse, qui est un acte d'amour, d'échange sensuel plein de respect et de tendresse, avec un viol qui est tout le contraire, c'est-à-dire un acte de violence ou d'abus de pouvoir visant à renier totalement la personnalité de l'autre pour l’assujettir à ses propres désirs. Cela serait comme vouloir comparer le fait d'offrir un cadeau, avec un vol ou un cambriolage.

Cependant, il est possible de passer par une période difficile, parfois juste après le viol, parfois des années plus tard, ce qui rend le lien moins évident. Il est possible d'avoir des flash-back en plein milieu de l'acte, ce qui empêche de poursuivre, mais d'autre fois, c'est le corps qui parle et là le lien est très difficile à faire, surtout si cela survient des années après. Ainsi, il est possible que le vagin se contracte au point de se verrouiller totalement ou partiellement malgré le désir, ce qui rend un acte sexuel absolument impossible. C'est le vaginisme, qui est extrêmement douloureux et dont l'origine est dans ce cas, lié au traumatisme du viol. Plus rarement, certaines personnes ont des troubles du comportement sexuel (homosexualité ou hyper-sexualité pouvant aller jusqu'à la prostitution) car leur corps a été renié, humilié, en "libre service" et ces victimes n'arrivent plus à se le réapproprier. Si les choses ne rentrent pas rapidement dans l'ordre, il faut consulter un psychologue. 

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Démarches judiciaires  
                                        
Définition juridique du viol et de l'agression sexuelle
et peines encourues



 - Le viol : Article 222-23 du code pénal    : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle. »
 -Agression sexuelle: Art 222-22 code pénal « Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise» ; Art 222-27 du code pénal « les agressions sexuelles autre que le viol sont punies de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000€ d'amende. »


 Quelle est donc concrètement la différence entre le viol et l'agression sexuelle ?
Pour que le viol soit caractérisé, il faut un acte de pénétration sexuelle. S'il n'y a pas eu de pénétration, il y a agression sexuelle. Cette pénétration peut avoir lieu de quelque nature que ce soit, c'est à dire dans le sexe ou dans la bouche, par le sexe, le doigt ou un objet. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait eu violence pour constituer un viol ou une agression sexuelle. Il peut simplement y avoir contrainte, menace (même verbale), chantage ou surprise.

Le viol est un crime, jugé par la Cour d'Assises. L'agression sexuelle est un délit, jugée par le Tribunal Correctionnel.

Ce qu'il faut faire dans l'immédiat

Que l'on décide ou non de porter plainte, il faut penser à sauvegarder les preuves. Comment ? La première chose à faire est de conserver dans un sac les vêtements souillés (petite culotte, et vêtements s'il y a du sang dessus) et ne pas se laver. Il faut aller chez un médecin agréé par la justice (téléphoner au Tribunal, service du parquet pour obtenir les coordonnées). Non seulement il récoltera les preuves pour le Tribunal, mais il pourra aussi le cas échéant faire un test de grossesse et de maladie sexuellement transmissible et apporter les soins nécessaires.

La deuxième chose à faire est de noter sur une feuille tout ce qu'il s'est passé dans les moindres détails : jour, heure, lieu du viol, détail de la scène, les vêtements, tatouages du violeur si il s'agit d'un inconnu, coordonnées ou description des témoins etc... Pourquoi ? Car l'état de sidération aura pour conséquence de brouiller les faits, de les rendre confus et ensuite le témoignage en cas de plainte tardive serait bancal, incomplet, incohérent, et le doute profiterait à l'agresseur qui serait alors acquitté. Et même si une plainte n'est pas déposée, garder clairement en mémoire les faits peut aider paradoxalement à se reconstruire.

Comment porter plainte

Il faut aller au commissariat de police ou à la gendarmerie. Autre solution plus simple : envoyer un courrier au Procureur de la république du Tribunal du lieu de votre résidence. Dans la lettre il faudra noter tous les détails mentionnés plus haut. Le Procureur ordonnera une enquête de police, vous serez interrogé longuement (d'où l'importance d'avoir noté les détails auparavant), puis confronté avec l'agresseur. Il peut arriver parfois qu'un gendarme ou un policier tente de vous dissuader de porter plainte et propose de faire une main courante à la place. Sachez qu'une main courante ne sert pas à grand chose et n'aura aucune suite judiciaire (c'est juste pour garder une trace) et que personne (pas même un gendarme ou un policier) n'a le droit de vous empêcher de porter plainte. Le plus simple dans ce cas est d’écrire au Procureur.

Délai de prescription 

Qu'est-ce que le délai de prescription ? c'est le délai légal pendant lequel il est possible d'engager des poursuites pénales, c'est à dire porter plainte. Une fois le délai passé, l'action s'éteint.

Depuis la Loi n° 2004-204 du 9 mars 2004, si la victime était mineure au moment des faits ET si les faits ont été commis par une personne ayant autorité sur elle ou par un ascendant légitime, naturel ou adoptif (père, beau père, oncle, professeur, éducateur, patron...), dans ce cas, le délai est de :
pour viol : 20 ans après la majorité (38 ans).
pour agression sexuelle : 10 ans après la majorité (28 ans).

→ Si la victime est majeure au moment des faits OU si elle était mineure, mais que les faits n'ont pas été commis par une personne ayant autorité sur elle ou par un ascendant légitime, naturel ou adoptif (frère, cousin, copain, collègue, petit ami, mari...je rappelle que le viol entre époux ou entre conjoint est un crime), le délai est de :
pour viol : 10 ans après les faits
pour agression sexuelle : 3 ans après les faits.

Si les viols ont été répétés dans le temps, c'est le dernier viol qui fait courir le délai de prescription.

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Conclusion : Si le viol est un crime jugé aussi sévèrement, c'est qu'on sait à quel point il est traumatisant et destructeur pour la victime. Même s'il s'avère très difficile de porter plainte, il est essentiel de le faire, car ce faisant, on se pare du manteau de victime, or être reconnu dans son statut de victime aide beaucoup à se reconstruire, sans parler du fait que cette plainte protège peut-être d'éventuelles autres victimes.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à nous contacter : violsurmineure@gmail.com

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